La loi alimentation comme aliénation du monde agricole

Cette loi alimentation (Egalim) partait d’une bonne intention, mais elle est devenue, dès les premiers jours, très touffue, totalement incontrôlable. On a ainsi détourné le monde agricole des raisons de son asservissement.

Les agriculteurs perdent du blé à le cultiver… ce n’est pas tenable…

La loi alimentation est contraire aux intérêts du monde agricole et des consommateurs

Dire qu’il faut faire payer par le consommateur le revenu des cultivateurs et de nos paysans, est une aberration. Seuls deux éléments doivent justifier et permettre une augmentation des prix à la production pour le monde agricole :

  1. Tout d’abord, trouver la solution pour permettre davantage d’exportations et moins d’importations ;
  2. Eviter toute surproduction par la multiculture.

La surproduction découple les prix de vente et les prix de production

Les prix de l’agriculture sont déterminés par la loi de l’offre et de la demande. Aujourd’hui, en France, on produit trop de lait, trop de beurre, et on n’en exporte pas suffisamment malgré nos contrats à l’exportation de lait en poudre, vers la Chine.

Mais le prix du lait en poudre n’est pas toujours à son prix raisonnable parce que le lait est acheté à un prix ridicule. Il y aura donc à revoir les problèmes de la transformation. Ceci est valable pour le lait en poudre mais aussi pour tous les dérivés du lait : yaourts, petits suisses, fromages, etc.

Dans les années 60, j’avais été appelé par l’Elysée pour trouver la solution à la surproduction d’artichauts en Bretagne. Nous avions alors décidé de les vendre dans les rues de Paris pour démontrer que faire appel aux intermédiaires des Halles était désastreux pour déterminer les prix de vente. Grâce à cette action, nous avions, à ce moment-là, avec les cultivateurs, mis en place ce que l’on a appelé à l’époque le marché au cadran, qui existe toujours.

La France reste un pays agricole. Elle possède tous les moyens pour accroître sa production mais cette dernière est entravée par un certain nombre de normes et surtout par des cotisations sociales d’un montant impensable dans les autres pays. Il faut donc réduire le montant de ses cotisations tout en maintenant la protection sociale. Nous pouvons le faire grâce au Plan TRES, de transfert des cotisations sociales vers le budget de l’Etat. Peut-être pensez-vous qu’il y a des réalités qui nous en empêchent ou des qu’il y a des inconvénients à cela… Et bien non, au contraire !

Le Plan TRES permet aussi de baisser les prix de production

Baisser les prix de 15% de tous les fournisseurs, sauf ceux issus de la propre production de nos paysans, leur permettrait de produire moins cher. Ceci suppose le transfert des cotisations sociales et la baisse des prix sur tous les produits entrant dans la production (phytosanitaires, aliments pour bétail, engrais, carburants…).

Aujourd’hui, ce sont les centrales d’achats qui ont remplacé les mandataires des Halles d’antan. Il faudrait, là-aussi, une régulation.

En un mot : il faut produire moins cher pour écouler la marchandise, c’est certain, mais avec des atouts qui n’entravent pas le profit des agriculteurs.

Et l’Etat dans tout cela !

C’est trop facile de demander aux Français de payer plus et que l’Etat ne fasse pas sa part de la tâche tant au niveau de l’agriculture, tel qu’énoncé plus haut, mais aussi au niveau de la transformation où la main d’œuvre serait moins chère par la suppression des cotisations sociales.

Nos produits deviendront plus compétitifs, que ce soit pour la viande ou tous les autres produits agricoles (blé, maïs, etc.). Notre pays est un pays agricole ; il faut donc mettre tous les atouts à l’exportation.

Décidemment, le gouvernement ne choisit jamais le bon sens, jamais. On trouve des solutions tarabiscotées totalement inapplicables et qui n’apportent rien au pouvoir d’achat des Français et encore moins aux agriculteurs.

La seule loi que je propose est celle de l’efficacité et du résultat et pour cela, il nous faut le vouloir et bien se mettre en tête que la France a un atout majeur à l’exportation de ces produits.

Il y a un point que nous n’avons pas soulevé à ce jour. L’agriculture est une forte consommatrice d’énergie. Il faut donc, sur ce point-là, tout faire pour diviser par 10 le prix des énergies et, dans les élevages, utiliser l’énergie qui peut être produite sur place.

Monsieur le Président, arrêtons de faire des lois qui ne s’appliqueront jamais ou, en tout cas, n’auront aucun résultat positif si ce n’est de réduire le pouvoir d’achat des Français. Aucune loi, jamais, n’a pu exister à partir du moment où elle aboutissait à une augmentation des prix pour le consommateur.

Michel Leclerc

Changer la loi de l’offre et de la demande, dans ce domaine, c’est pire que de vouloir imposer la pluie et le beau temps, sauf peut-être par une certaine régulation à partir d’usines de transformation des produits fabriqués, soit en conserve, soit en poudre, soit en surgélation et qui pourront être exportés, vu la qualité de nos produits.

A ne jamais oublier

Michel Serre explique pourquoi il ne faut pas de spéculation financière dans le secteur agricole.

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